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SMLH 83 Cercle Culture 2019 - Conférence "Humanisme et fin de vie"

Publié le 06 décembre 2019

Après un accueil verbal par Alain Marais, Président de la SMLH du Var suivi d’une allocution présentative des actions du Cercle Culture par Claire Magne, coordinatrice ; Philippe Granarolo, Agrégé de philosophie, Docteur d’Etat es Lettres a présenté et modéré la conférence dont le thème sensible proposé figure dans un contexte de nombreux défis humains et autour de questions fondamentales : Quelle valeur doit-on reconnaître au corps ? Quelle Loi pour une fin de vie humaine et humaniste ? A quels principes éthiques se référer ? Comment assumer la maladie et la souffrance ? ...

Claudia Morin, médiéviste, doctorante en philologie, a ouvert la conférence par « Le corps souffrant au Moyen-Âge » :

Ne se satisfaisant pas d’exposer une seule suite de faits mis bout à bout ou de transmissions de tranches de mémoires, elle s’est efforcée d’aller au-delà du commentaire historique. C’est ainsi qu’en passant par un incontournable détour des considérations païennes antiques gréco-romaines antérieures au péché ancestral, selon l’art hippocratique la pratique médicale faisait abstention de traitement et interruption des soins devenus inutiles pour les malades qu’on savait vaincus par la maladie, faisait usage de substances hallucinogènes en cas de douleurs intenses et pratiquait le suicide volontaire assisté lors de cas incurables et douloureux.

Puis, Claudia Morin, a présenté le chrétien devant la maladie, la souffrance et la mort. Epoque rupture avec le monde païen, au moyen-âge le mal et la mort sont admis en partenaires, ils sont les nécessaires pierres de touche à l’espérante porte d’entrée du salut de l’âme et de l’éternité.

Cette lueur d’espoir de révélations plus complètes après la mort bouleverse les conduites des malades et des praticiens. Il fallait prendre le temps de voir venir la mort, pour pouvoir faire rédemption de ses péchés.

C’est ainsi que, la rédemption déroute la raison philosophique antique et interdit au moyen âge la pratique du suicide volontaire assisté lors de maladies incurables et sans espoir.

« Le citoyen et la loi » par André Poyet, ancien Directeur Départemental d’une association caritative a suivi ce premier abord médiéviste :

Très affecté par l’accident isolant rationnellement l’un de ses proches, l’intervenant, André Poyet, a posé le regard citoyen sur les fins de vie, s’interrogeant sur ses choix pour lui mais aussi pour ses proches.

Ces questionnements amènent ce citoyen à se positionner par rapport à la loi Léonetti/ Clays de 2016 sur le droit des malades à mourir dans la dignité.

Certes, cette Loi ne règle pas tout, les dérives de « tentations de donner la mort » sont toujours objets de craintes, par ailleurs le conférencier a bien rendu compte du retard dont la France est affectée par le nombre en unités de soins palliatifs, laissant ainsi le sort de malades souffrants et atteints de maladies incurables entre les mains de personnels non destinés à prendre en charge ces types de cas. Il fut bien mis en avant la nouvelle place prédominante du choix du malade donnée grâce à cette Loi, sans obstination déraisonnable, sans souffrance accompagné par le corps médical. C’est le pas vers mourir dans la dignité, suivons le chemin qui sera bien long sans aucun doute.

Le Docteur en Médecine, Expert Judiciaire et Administratif, Jacques Borant a posé la question « Qu’attendre des soignants ? »,

L’Expert Judiciaire et Administratif en médecine a d’abord posé la question de savoir ce que pouvait signifier et que pouvait être « une mort indigne ». Il a ensuite insisté sur le fait qu’il n’existe pas de mort indigne.

Il existe des morts paisibles, des morts douces, des morts dans la souffrance, des morts violentes ... celle-ci peut être soit physique, soit morale, soit les deux à la fois.

Le soignant doit tout faire pour adoucir une fin jugée inéluctable. Le soignant doit aussi respecter la personne qui s’en va dans sa volonté, mais aussi lui apporter son réconfort par tous moyens. Il se doit également de respecter la Loi.

Cependant, rien ne doit obliger le soignant à aller contre ses convictions éthiques, philosophiques ou religieuses. Le contrat de confiance entre le soignant et le soigné va dans les deux sens.

Le point de vue du philosophe de Philippe Granarolo, Agrégé de philosophique, Docteur d’Etat es Lettres, a clos le débat :

Philippe Granarolo a commencé son exposé en s’étonnant du sort qui est fait au mot « euthanasie ». Tous les mots commençant par le préfixe « eu » (qui signifie « bon » en grec) sont des vocables positifs. Comment expliquer que seul le mot « euthanasie » ait des connotations négatives ? Le nazisme et sa terrifiante volonté d’éliminer des groupes humains entiers y est sans doute pour quelque chose, mais il ne suffit pas à rendre compte de cette étrangeté.

Puis il s’est mis en quête des sources de la véritable censure qui règne à propos du débat sur la « fin de vie ». Il a fait part de son examen tour à tour des sources religieuses (le poids du christianisme dans notre civilisation), des sources psychologiques (peur de la mort), des sources sociétales (jeunisme de notre société).

Après avoir vérifié l’insuffisance de ces trois hypothèses, il a interrogé des sources apparemment plus vraisemblables. En premier lieu les thèses de Sigmund Freud à propos d’Éros et de Thanatos. En second lieu l’essor récent du trans-humanisme, qui imagine qu’on puisse repousser indéfiniment l’échéance de la mort : la « mort de la mort » chère aux trans-humanistes piège tout débat sur le sujet.

L’assistance fut attentive et participative lors du débat du type questions / réponses qui suivit. Les échanges riches et encourageants furent incitatifs pour renouveler une telle expérience,

L’apéritif pour tous et le dîner pour ceux qui en avaient fait le choix ont été un moment de poursuite bienvenue de ces partages conviviaux et constructifs. Ils permirent de rencontrer des personnes de qualité que nous souhaitons revoir un jour prochain.