

Haute-Garonne : Quinze ans d'éducation citoyenne
Depuis 2008, le comité Toulouse Nord propose aux écoles primaires des 22 communes de son secteur des séances d’éducation à la citoyenneté, généralement en salle du conseil et en présence du maire. Une initiative soutenue par l’inspection académique, qui a rencontré un succès croissant auprès des élèves et de leurs enseignants au fil des années et s’est encore développée en 2020.
17juin, 9 h 30. Après le brouhaha de la mise en place, le silence s’installe dans la magnifique salle du conseil du Capitole de Toulouse. L’instant est solennel : 75 enfants de CM1, CM2 et 6e sont rassemblés pour la séance de clôture du Conseil municipal des enfants (CME). Sous la houlette de plusieurs élus municipaux, rejoints par le maire, et sous l’œil attentif et ému de leurs parents. Nadia Soussi, conseillère en charge du CME, convaincue « qu’impliquer les enfants dans des projets éducatifs citoyens est essentiel pour forger la citoyenneté de demain », ouvre la séance et souligne dans son intervention l’importance de la présence de ces jeunes, « pas encore citoyens mais déjà acteurs », alors que « la démocratie est de plus en plus en danger ». L’heure est ensuite au bilan de l’année écoulée. Plusieurs thèmes ont été abordés : les droits de l’enfant, la sensibilisation à l’utilisation des écrans, l’environnement, via le traitement des déchets, l’égalité filles-garçons...
Le rôle d’un jeune élu
Puis chacun revient sur les raisons de son engagement : «améliorer la vie de Toulouse et donner la parole aux enfants » (Mohamed), «travailler sur l’écologie» (Eva), «pour la solidarité» (Fatima)... Tous expliquent avoir beaucoup appris au cours de l’année, notamment à « prendre la parole en public », « travailler en équipe », « respecter la liberté d’esprit de chacun »... Tous affirment être motivés pour continuer.
Élus pour un mandat de 3 ans, soit dans leurs écoles, soit comme candidats libres, ils se réunissent plusieurs fois par an. La première année est consacrée à la formation et à la découverte des droits et devoirs du citoyen et à la définition d’un projet (en matière de solidarité, d’environnement, de sport, de santé, de culture...) ; la deuxième au développement de ce projet et la troisième à l’expérimentation du rôle consultatif d’un jeune élu.
Adrien, élève de 5e du collège Vauquelin, élu du CME pendant les trois dernières années, se souvient avoir préparé une synthèse des activités avec ses camarades pour « aider les nouveaux ». Car chacun a à cœur d’assurer la relève et de transmettre le flambeau à d’autres. Lui a particulièrement apprécié le voyage organisé à Paris pour les jeunes élus, en point d’orgue de l’année : « mon arrière-grand-mère et mes grands-parents étaient fiers que j'ai porté le drapeau, confié par la SMLH 31, pendant ce séjour dans la capitale, où nous avons visité des lieux cultes comme les Invalides, le Sénat, l'Assemblée nationale et, grâce à la SMLH 31, l'Élysée. Nous avons même déposé une gerbe, ravivé la flamme du soldat inconnu et signé le livre d’or de l’Arc de Triomphe... »
Un partenariat étendu en 2020
À l’approche du Centenaire de la SMLH, la convention entre la mairie de Toulouse et la section de la Haute-Garonne est étendue à l’organisation et à l’animation d’activités autour des jeunes élus. Ceux-ci bénéficient d’une formation civique approfondie et participent à des Journées citoyennes (par exemple cette année, un voyage à Bruxelles, avec découverte du Parlement européen, et grâce à la section de la Belgique, du Sénat et de l’Assemblée nationale belges...).
La même convention étend par ailleurs le partenariat républicain, jusque-là réservé aux écoles du Nord de Toulouse, à l’ensemble des établissements publics et privés sous contrat du département. Elle se concrétise par la mise en œuvre de séances d’information et de sensibilisation aux valeurs de la République. « Organisées dans le cadre du programme d’histoire et d’instruction civique des élèves du cycle 3, baptisées “Éducation à la citoyenneté”, elles durent environ une heure, ou plus à la demande, avec des légionnaires. Ces valeurs ont traversé notre histoire pourtant parfois mouvementée, et notre devoir est de les transmettre à notre tour », explique Jean Honnorat.
Un constat partagé par Madame Gustave, enseignante en CM2. Elle s’est tout de suite lancée avec enthousiasme : « je ne connaissais pas la SMLH mais les valeurs qu’elle véhicule sont celles que j’enseigne à mes élèves depuis quinze ans : devenir un citoyen digne de ce nom pour servir la France avec honneur. Pour moi, ça commence avec le respect et la politesse dans la vie de tous les jours. La France a une belle histoire et nous avons un devoir de mémoire ».
Apprentissage concret de la citoyenneté
Démocratie locale (découverte participative du rôle et du fonctionnement d’une mairie, désignation des élus...), institutions et symboles républicains... : les sujets, variés, donnent lieu à de nombreuses questions. Chaque séance est clôturée par la projection d’un film sur l’histoire, les valeurs et les modalités d’attribution de la Légion d’honneur. Et pour concrétiser encore les choses, les élèves désignent ensuite un garçon et une fille de la classe particulièrement méritants à leurs yeux pour « recevoir “pour de faux” la médaille de la Légion d’honneur, selon le cérémonial traditionnel. Un moment fort pour les enfants et instructif pour les enseignants, souligne Jean Honnorat. La désignation des récipiendaires se fait toujours de façon spontanée et naturelle... Preuve que les jeunes ont tous encore, derrière leur libre arbitre, quelques repères communs, et ceci même dans les classes les plus difficiles. ».


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