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SMLH 69. Hommage au Général Pierre Thévenon
Chers sociétaires,
Le Général Pierre Thévenon nous a quitté le 22 juillet. Selon ses dernières volontés il a été inhumé à Carbonne (31), sa terre de coeur. Nous lui rendons hommage en publiant ici le texte lu par son fils Pascal lors de la cérémonie des obsèques, accompagné par ses parents et amis.
"Le parcours du soldat"
" Papa, enfant de la guerre puisque tu avais tout juste 6 ans en 1939 et moins de 12 à la fin du 2nd conflit mondial, fils de militaire, ta carrière ne pouvais être que celle des armes.
Intelligent, intrépide, espiègle, ce premier conflit subi t’a vu côtoyer le pire très jeune, et éveiller ton sens des responsabilités.
Ton coté provocateur te faisais narguer les sentinelles allemandes en sifflotant des chants pro-résistants, alors que ton souci des autres, qui ne t’a jamais quitté, te faisait craindre pour tes parents dans les moments les plus délicats.
Second d’une fratrie de 9 enfants, en 1951 tu t’engageais, et partais comme simple soldat faire apprécier tes qualités au Maroc.
Promu sous-officier, tu as rejoint l’Indochine et le 6ème Régiment d’infanterie colonial à la tête d’une compagnie de supplétifs. Par ton audace et ton calme tu t’es immédiatement distingué, alors que par ailleurs la bataille de Dîen Bîen Phû s’engageait. (Citation n°1)
Le 7 mai la Cuvette tombait, suivie d’une guerre de mouvement complexe durant laquelle tu continuais tes actions avec tact et anticipation, comme le 10 juin ou début juillet, date à laquelle tu fus « porté disparu » (Citation 2).
La lettre que tu écrivis à tes parents a pali avec le temps, avec la mention « A CONSERVER » écrite en rouge par ton père, mon grand-père. On y retrouve la valeur de tes mots, et surtout la justesse de compréhension des faits par tes yeux avertis et matures, alors que tu n’étais pas encore majeur.
Cette période fut capitale pour toi. En rentrant en métropole, toi le blessé sur ton brancard, tu te faisais cracher dessus, mesurant alors le gouffre à combler entre nos soldats et la Nation.
Ta raison d’être était née : monter au plus haut niveau pour réussir à faire passer le courant « armée-nation » qui t’habitais, challenge toujours d’actualité.
Médaillé militaire à 22 ans, tu as retroussé tes manches pour intégrer les écoles de Coëtquidan. Avec la promotion Laperrine tes liens sont toujours restés très forts.
Chef d’un commando de chasse en Algérie, avec maman tu as ensuite rejoint la réunion, puis Montpellier comme instructeur, et Perpignan pour commander une compagnie Commando au 24ème RIMa. Nous faisions alors tous les 4 partie de ton paquetage. Hélène y reviendra.
Séjour à Madagascar, une année à Verdun pour préparer l’école de guerre, retour à Lyon au quartier Frère, puis second au 23ème Rima à Maisons-Laffitte avant de prendre le commandement du 6èmes BIMa et des troupes françaises stationnées au Gabon.
Après avoir servi à l’inspection comme « conseiller Terre », tu as été chef d’état-major des troupes stationnées à Djibouti avant de pleinement t’engager pour ce qui a toujours été ta motivation première : le renforcement de ce lien armée-Nation, socle de la qualité et de l’engagement de notre défense nationale.
C’est ce même esprit qui t’a toujours porté à faire « plus », et à travailler sans relâche, notamment au profit des associations que tu as soutenues, et que tu retrouves aujourd’hui autour de toi.
Dans la dynamique entretenue par tes parents, trois de tes frères présents ce jour, t’ont suivi dans ton engagement premier, deux autres ont apporté la force morale et spirituelle nécessaire, mon parrain représentant le continuum avec la Nation que nous défendons.
Bien sûr je n’oublie pas tes sœurs, parties plus tôt, partie trop tôt, l’une ayant reçue de ta mère et d’un de tes frères, de te retrouver et de te ramener quand tu étais « porté disparu » en Indochine. Tu viens de la retrouver, tu viens de les rejoindre avec ton frère Jean et tes parents.
Merci pour tout, merci pour ton écoute discrète et attentive, merci pour tes interventions toujours positives, merci pour ton indéniable fidélité construite dans le creuset de ton parcours."
Pascal Thévenon
